Les quatre dragons by Moka

Auteur:Moka [Moka]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BIB Jeunesse
Éditeur: Éd. L'École Des Loisirs
Publié: 2015-12-13T23:00:00+00:00

L’après-midi, Mélipona avait reçu la visite inattendue de sa sœur. Depuis des mois qu’elle était enfermée dans ses appartements, Oupalavi n’avait jamais pris de nouvelles de sa santé, et ne lui en demanda d’ailleurs pas ! Oupalavi ne parlait que d’elle et de son adorable époux toujours follement amoureux… Malgré tout, Mélipona avait apprécié la conversation. Elle manquait de distraction !

Mélipona se réjouissait à la perspective de se dérouiller les jambes. L’énervement l’empêchait de se reposer. Elle observa les étoiles filantes pour s’occuper l’esprit. Elle se caressa le ventre quand son bébé tressaillit.

Francolin entra. Il annonça que les couloirs étaient déserts.

– Si on rencontre quelqu’un, comment allez-vous expliquer que vous vous promenez à cette heure tardive avec des lanternes ?

– Je dirai que je chasse les rats, répondit Mélipona. Allons ! Les gens dorment. Cessez de vous inquiéter.

Les battements de son cœur s’accélérèrent. Cette virée nocturne l’amusait même si elle était périlleuse. Elle constata, dépitée, qu’elle avait du mal à marcher. Son immobilité forcée avait eu pour conséquence une perte de muscles.

Ils arrivèrent sans encombre à destination. Mélipona soupira de soulagement quand ils furent à l’intérieur.

– D’après le plan, la porte est ici. Enlevons d’abord les livres, nous y verrons plus clair.

Francolin lui ordonna de s’asseoir. Il n’avait pas besoin d’elle. Mélipona s’installa sur les coussins. Son dos la faisait souffrir dans cette position. Elle se mit sur le côté. Elle inclina la tête, plissa les paupières, s’inclina davantage… Sa tempe toucha le sol.

– Qu’est-ce que vous faites ? s’étonna Francolin.

– Il y a comme une rayure sombre sous la troisième étagère…

Le vieil homme se baissa pour regarder.

– C’est ça ! Ce n’est pas bien large…

Mélipona le pria de l’aider à se relever.

– Bon, réfléchissons… Je suis l’architecte. J’ai conçu une petite ouverture presque indécelable. Où est-ce que je place le mécanisme ? Il faut qu’il soit dissimulé et également accessible. Si je suis contrainte à m’enfuir, je n’ai pas de temps à perdre en montant sur une échelle ! Alors…

Le bas des bibliothèques était composé de panneaux de bois sculptés au décor varié. Mélipona se mit à rire.

– Je ne le crois pas ! Il y a un papillon sur celui-là ! Désolée pour vos rhumatismes mais si vous pouviez…

Francolin appuya sur le papillon. Il ne s’enfonçait pas. En revanche, il tournait.

– J’ai entendu un déclic ! s’exclama-t-il. Oh !

Le fond du meuble avait reculé d’un pouce. Francolin poussa, découvrant un étroit passage. De l’air humide et froid parvint aux narines de la Princesse, la faisant éternuer.

– Les lanternes. Oumph… Je vais avoir quelques difficultés à entrer là-dedans.

– Vous n’y songez pas !

– Oh, si ! Imaginez que je sois obligée de partir vite. Si je connais déjà le terrain, je risque moins de m’égarer ou de me blesser. Après vous…

Francolin, courbé en deux, se faufila entre les rayonnages. Il annonça que des marches partaient de l’autre côté et recommanda la prudence. Mélipona retint sa respiration, essaya de se pencher, renonça, puis fléchit les genoux et avança en claudiquant. Elle se sentit un peu ridicule et se traita elle-même de canard boiteux.

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